Sainte-Celestine

Myra s’étira longuement. Elle s’assit dans le lit et regarda autour d’elle. Quelques secondes plus tôt, elle était blottit contre Pete. Elle sourit, lui donna un petit baiser dans le front et ferma la porte doucement.

Cam lança un oreiller à la figure de Clo qui grogna dans son sommeil mais ne bougea pas. Elle entreprit alors de lancer toutes les peluches de son lit à la figure de Clo.
-Grrrmblmblmm ... c’est bon, je me lève, gémit Clo.
Cam eut un petit sourire de satisfaction et sortit de la chambre.

Mariah se réveilla, regarda son cadran. Elle se leva d’un bond, eut à peine le temps d’enfiler un jeans, mangea une banane en vitesse, fonça dans son petit frère et sortit de la maison en trombe.

Niky marchait rapidement dans la rue. La bretelle de sa camisole tombait sans cesse et la remonter à chaque pas l’énervait profondément. Elle s’arrêta, soupira, regarda si quelqu’un se trouvait alentour, enleva sa camisole rapidement, plongea une main dans son sac, en sortit un coton ouaté, l’enfila, remit son sac sur son dos et recommença à marcher. Elle sourit.

Annema dévala les escaliers en criant, sauta dans ses souliers, sortit de la maison, barra la porte. Elle se souvint qu’elle devait apporter un sac à dos. Elle débarra la porte, prit son sac dans l’entrée, sortit et barra de nouveau la porte.

Sophie regarda sa montre et sourit tristement. À cette heure, ses amies devaient toutes êtres prêtes. Elle regarda par la fenêtre. Le paysage anglais commençait sérieusement à la déprimer.

Le cadran d’Émilie sonna. En un hurlement, elle abattit sa main dessus, soupira de soulagement lorsqu’il s’éteignit et se rendormit.

Mariah entra en courant dans l’école. Elle soupira, elle n’était même pas en retard. Elle sortit de sa poche un petit papier où était écrit son numéro de casier. Cette année, elle le partageait avec Niky. Elle espéra intérieurement que cette dernière entretenait plus sa case que Clo ne le faisait l’an dernier. 1222, 1222, 1222, se répétait-elle en longeant le couloir et en analysant rapidement chaque numéro de casier. 1220, 1222. Elle s’arrêta. Le cadenas était là, sagement, sur la porte. Elle se tapa le front du revers de la main. Évidemment, Niky n’avait pas été en retard. Évidemment, elle avait oublié de lui demander la combinaison du cadenas. Et évidemment, elle était prise stupidement devant sa propre case. Alors qu’elle essayait de trouver rapidement une solution, quelqu’un mit ses mains sur ses hanches, la chatouillant. Elle sursauta et se retourna vivement.
-BRENDON!
Elle sauta dans les bras de son vieil ami.
-Qu’est-ce que tu fais devant une porte de case fermée, Mariah? Demanda-t-il.

Ryan fit entrer son sac à dos dans sa case déjà pleine à craquer à grands coups de pieds. Commencer une nouvelle folle année scolaire ne l’enchantait vraiment pas. Tous ses amis étaient heureux de se revoir, tous ses amis étaient nostalgiques parce que c’était la dernière année de leur secondaire. Mais lui ne voyait pas de différrence avec les autres années et ses amis ne lui avaient pas tellement manqué. Il avait toujours été solitaire, de toute façon. Il se sentait à part, avec eux.

Annema passa devant un couple qui s’embrassait follement dans le couloir. Il lui fallut un petit déclic de quelques secondes avant de se rendre compte que c’était Niky et Jon, ses grands amis. Elle revint sur ses pas.
-Hey! Est-ce que mes yeux voient bien ce que je refuse de croire?
Niky se décolla de Jon et émit un petit rire.
-Positif, sourit-elle.
-Alors vous êtes ensemble? Il était temps! S’exclama Annema.

Cam et Clo venaient de finir d’aménager la case qui allait être la leure pour toute l’année. Elles bavassaient bruyamment, heureuses de retrouver tous leurs amis. Heureuses de sortir de leur monotomie de l’été. La veille, Clo était allée coucher chez Cam pour la dernière fois avant l’école. Clo étira son pied juste au moment où un jeune homme passait devant leur casier. Il se releva péniblement. Clo et Cam se retenaient de rire. Il était très grand, très mince, trop grand pour sa taille. Il avait les cheveux bruns en bataille et de grosses lunettes démodées. Il n’était pas très bien habillé, ni très beau. Mais son intérêt résidait dans le fait qu’il était nouveau. Il devait être le 101e élève de leur petite école perdue dans leur village perdu. Et tous les nouveaux étaient très bien accueillis, dans cette école pourrie.
-Excusez-moi mais pourriez-vous me dire où se trouve le local B303? Demanda-t-il d’une voix ni trop aigue, ni trop grave.
Clo et Cam échangèrent un regard de connivence.

Myra rangea son dernier cartable sur la dernière tablette de sa case. Et puisque c’était le dernier, il décida de se rebeller, refusa d’entrer dans la tablette. Myra poussa un peu plus, ça vira en révolution et tous ses cartables lui tombèrent sur la tête. Elle échappa un juron, entreprit de tout recommencer, se découragea, les empila tous dans le fond de sa case. Ils branlèrent, elle les menaça du regard. Elle se retourna parce que quelqu’un avait tapé sur son épaule.
-Pourquoi tu ne m’as pas réveillé, ce matin? Demanda Pete.
Elle l’emmena plus loin, où moins de gens les verraient, où moins d’oreilles indiscrètes pourraient les entendre.
-Parce que tu dormais, point.
-On dit quoi aux autres?
-Rien. Il s’est rien passé.
Elle retourna à sa case, ferma le cadenas et se rendit furieusement à son premier cours.

Sophie essuya une larme. Le premier cours commençait, dans son village perdu qu’elle adorait. Elle était encore prise ici pour deux semaines, à moins que son père reçoive une augmentation. Ils resteraient juste plus longtemps. Elle commençait l’école le lendemain. La même école dans laquelle elle avait passé l’an dernier, la même école dans laquelle tout le monde la rejetait, la même école dans laquelle elle n’avait pas d’ami et ne faisait pas beaucoup d’efforts pour en avoir. Ses amis se trouvaient peut-être à des milliers de kilomètres d’elle, elle n’en voulait pas d’autres. Elle savait qu’ils ne l’avaient pas oubliée. Elle ouvrit son ordinateur. Émilie lui avait envoyé un long courriel d’encouragements et de blabla réconfortant. Sophie sourit et alla se recoucher.

Clo entra dans le local de son premier cours. Mariah discutait énergiquement avec Brendon et Jon dans le fond de la classe. Elle s’approcha.
-MA CLO EN SUCRE D’ORGE DE MON COEUR! S’exclama vivement Mariah en la prenant dans ses bras.
-Salut Mary! Salua Clo. Salut les gars.
Brendon et Jon la saluèrent de la main avant de replonger dans leur passionante partie de petits carrés. Le professeur arriva quelques minutes plus tard.
-Quelqu’un a vu Émilie? Demanda Clo. Elle était supposée être dans ce cours-là aussi.
Mariah haussa les épaules.

Myra, Cam et Niky entrèrent dans leur classe en bavassant. Elles étaient toutes contentes de se retrouver. Insconsciemment, elles s’étaient toutes manquées. Plus loin, elles virent des garçons qu’elles appréciaient. Rupert avec ses cheveux roux plus éclatants que jamais à cause du soleil d’été, Ryan qui boudait dans son coin comme à l’habitude, Pete et Gerard qui étaient connectés par une paire d’écouteurs. Sans s’en rendre compte, Pete parlait beaucoup plus fort qu’il ne le devait. Les filles sourirent ensemble. Elles retrouvaient leurs amis comme elles les avaient laissé à la fin de l’année passée.

Annema se retourna vivement vers la personne qui venait de se planter complètement à côté d’elle.
-Oh, bonjour Jared, dit-elle, pas vraiment surprise.
-Salut Annema. On est seuls en anglais hein?
-Ouais, il est supposé avoir So, mais elle est encore en Angleterre.
-Excusez-moi, dit une voix ni trop grave ni trop aigue derrière eux. C’est ici le local B303?
Annema et Jared levèrent les yeux vers le haut de la porte en même temps.
-Oui, conclut Jared.

C'est bon =)

Jaaaadooree:) <33

Mercii ^^

C'est cool ^^

Petite suite:

Ils étaient tous assis à leur table habituelle depuis le début de leur secondaire: Clo, Myra, Cam, Mariah, Niky, Annema, Brendon, Rupert, Ryan, Jon, Jared, Pete et Gerard.
-Quelqu’un a vu Émilie? Demanda Clo.
-Elle doit dormir, tu la connais, répondit Myra en prenant une grosse bouchée de son sous-marin au roast beef.
Jon, assis à côté de Niky, la faisait manger son repas.
-Vous êtres vraiment quétaines, annonça Cam.
-Et puis, la France? Demanda Annema.
-C’était vraiment génial! S’exclama Mariah.
-Elle est comment, finalement, Claire?
-On s’est vraiment bien entendues! Sa famille est trop sympathique! Continua Mariah. Je serais tellement restée là plus longtemps. Ou je l’aurais emmenée dans ma valise.
Pete regarda Myra, qui détourna les yeux.
-J’ai hâte que So revienne, dit Niky et tout le monde approuva de la tête.

Clo rentra chez elle, déposa son sac dans la cuisine et pigea un biscuit dans l’armoire.
-T’as passé une bonne journée? Demanda sa mère en entrant dans la cuisine.
-Ça va, répondit Clo rapidement avant de s’enfermer dans sa chambre.
Elle prit son téléphone, composa rapidement un numéro. Après trois sonneries, quelqu’un répondit.
-Oui allo?
-Milie! Qu’est-ce qui se passe avec toi?
-Je n’ai pas entendu mon réveil ce matin.
-T’es stupide.
-Mais tu m’aimes. Attend une seconde, j’ai une autre ligne.

Mariah se laissa tomber dans son fauteuil favoris et soupira. La journée était enfin finie. Depuis qu’elle avait posé un pied dans son école merdique, elle attendait la fin des cours avec impatience. Claire lui manquait déjà. Elle aurait tout donné, cette journée-là, pour pouvoir retourner en France, dans la maison de son amie. Elle alluma la télévision et zappa rapidement avant de la refermer. Brendon et Ryan lui avaient manqués, et les filles aussi, c’est vrai. Au fond, elle avait été contente de les revoir, tous.

Myra désactiva le système d’alarme en entrant chez elle. Elle marcha sur un camion remorque version miniature, se blessa le pied, échappa un juron et se rendit à la cuisine en sautillant sur une jambre. Elle garocha son pied sur le comptoir, essaya de l’étirer jusque sous l’évier et tenta par tous les moyens inimaginables de faire couler de l’eau sur la plaie.
-Qu’est-ce qui se passe? Demanda sa mère en entrant dans la cuisine.
-Les jumeaux ont encore fait trainer des jouets et je me suis encore faite mal dessus.
-Tu n’avais qu’à mettre des chaussures.
Myra leva les yeux et soupira. Si elle voulait mettre ses tongs, c’était son choix!

Le téléphone sonna dès que Niky posa un pied dans le hall d’entrée de sa maison. Sans se soucier d’enlever ses souliers pour ne pas briser le beau ménage de sa mère, elle courut jusqu’au téléphone le plus près et décrocha finalement.
-Oh salut Jon!

Émilie ne se trouvait pas plus conne que ça d’avoir manqué la première journée de l’année. Sa mère l’avait motivée, de toute façon. Elle avait hâte que Sophie revienne d’Angleterre, elle s’ennuyait beaucoup de sa meilleure amie. Il lui manquait une partie d’elle-même depuis qu’elle s’était isolée contre son gré à l’autre bout du monde, ou presque. Émilie décida d’aller prendre une marche et laissa son pyjama pour s’habiller. Même s’il était dix-sept heures.

Mikey attendait son autobus sous la pluie. Il se mettait toujours à pleuvoir lorsqu’il attendait le bus. Et surtout de préférance quand il avait manqué le précédent et qu’il devait attendre celui qui ne passait que dans trente minutes. Il essayait de protéger ses cheveux bruns en bataille avec sa mince veste mais ça ne donnait pas grand chose. Il ne voyait rien parce que ses grandes lunettes étaient toutes embuées et pleines d’eau mais il ne voulait pas lâcher sa veste pour les enlever. Kim poussa un profond soupire à côté de lui.
-Maman va être furieuse qu’on arrive à cette heure.
-Ce n’est pas de ma faute! Se défendit-il.
-Mais bien sur que si!
Mikey soupira et ne préféra ne rien répondre. De toute façon, aucune négociation ne portait fruit avec sa petite soeur.

JAIIIMMEE TRROOOOOPPPP CAAAAAA <333333

Daah j'aime ça.
J'suis quétaine ^^

Merci =)

Ouaiis c'est super bon =) J'ai hâte de lire la suite

Sophie entra dans la salle à manger et s’assit sur la seule chaise de libre sans un mot.
-Ma chérie, as-tu commencé à faire tes valises? Demanda sa mère de sa voix criarde habituelle.
Sophie hocha la tête en ne levant pas le nez de sa soupe.
-Tu as passé une bonne journée?
-Je n’ai rien fait.
-Tu as hâte de retourner à l’école?
-Oui mais pas ici. Je n’ai plus faim.
Et sans un mot de plus, Sophie se leva de table et regagna sa chambre en courant. Elle se laissa tomber à plat ventre sur son lit et soupira. Elle en avait marre de cette maison, de cette ville, de cette école, de sa mère, de son père, de la distance.

Clo s’assit à table.
-Maman ne rentrera pas ce soir, annonça sa grande sœur Monia.
-Étonnamment, marmonna-t-elle entre ses dents.
-Est-ce que ça va? Demanda son autre sœur, Katryna.
-Oui oui. Vous n’en avez pas marre, vous? D’avoir une semi-mère? De toujours vivre par et pour nous-mêmes? Vous en avez pas marre de savoir que notre propre mère se fout de nous? Vous en avez pas marre que sa seule présence dans la maison soit un Post-It de temps en temps nous ordonnant de faire le ménage ou une paire de bas de nylon trainant par-ci par-là?
Katryna, la plus sensible des trois, et la plus “proche” de leur mère aussi, se leva en silence et alla s’enfermer dans sa chambre sans claquer la porte. Monia prit la main de sa petite sœur sur la table.
-Tu vas finir tes raviolis?
Clo fit non de la tête.

Mariah descendit à la cuisine, prit son assiette et remonta dans sa chambre sans même un regard pour son père et son frère. Là, elle ouvrit son ordinateur et se connecta.
Salut Claire, écrivit-elle.
Mariah! Je t’attendais pour aller me coucher! Il est déjà vingt-trois heures! Je vais y aller xxx
Ok, bye, bonne nuit xxx

-NIKY! LÂCHE LE TÉLÉPHONE TOUT DE SUITE ET VIENS MANGER AU PLUS VITE! CE N’EST PLUS DRÔLE LÀ!
Niky, bien étendue sur son divan, jeta un œil vers la cuisine. Ses parents l’attendaient pour commencer leur foutu souper.
-Jon? Je crois vraiment qu’il faut que je te laisse. Je t’adore mon chou, mon nounours adoré, à demain. ... Non! C’est toi en premier! ... Non, toi! ... D’accord, en même temps. Un, deux, trois, go!

-Tu viens jouer avec moi, Mimi? Demanda un des petits frères de Myra avec des yeux suppliants.
-Comme si j’avais envie de vous garder, sales pestes. Puisque Papa et Maman veulent prendre du bon temps là, comme s’ils étaient encore un jeune couple t'sais.
-On joue aux blocs?
-Mais oui, Théo, on va jouer aux blocs, se résigna-t-elle.

Cam lisait le derrière de sa boîte de céréales. Ce n’était pas un souper très sophistiqué, mais ce soir-là, elle était toute seule. Son père était encore sorti avec la mère d’Émilie et sa propre mère devait être cloitrée dans son petit appartement de banlieue en train de s’occuper des bébés qu’elle avait eu avec son nouvel amoureux qui lui, s’était suicidé quelques temps plus tôt. Cam soupira. Elle eut une soudaine envie d’appeler son amie qui vivait presque la même situation.
-Milie? Pendant que nos parents se paient du bon temps, moi je m’emmerde.
-Moi aussi. En fait je joue au Nintendo avec mon frère depuis une heure. Au pire tu viens nous rejoindre?
-J’arrive.

-Anne-Marie, va faire tes devoirs immédiatement.
-Mais oui Maman, laisse-moi donc finir mon dessin!
-Tu veux que j’appelle ton père?
-Mais non, c’est bon j’y vais, oh.
Annema se leva et alla chercher son sac à dos.
-Ahah Anne-Marie s’est faite disputée!
-Toi aussi tu as des devoirs, Jean-Michel, allé, hop! Répliqua sèchement sa mère.

Cam arriva quelques minutes plus tard chez Émilie, elles étaient presque voisines.
-Salut Camou! Entre!
Camille se déchaussa et rejoignit son amie et le frère de celle-ci au salon, où tous les deux, manettes en main, les yeux fixés sur l’écran, vivaient une folle partie de Mario Bros.
-Salut Milie. Salut Max.
Cam attendit qu’ils finissent leur tableau debout à côté du divan.
-Bon, tu veux que je te laisse ma manette? Demanda Émilie.
-Euh ... ok.
Émilie se leva tout en lui tendant sa manette de jeu et Cam s’assit à côté du grand frère de celle-ci.
-Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vus, dit Cam pour essayer de faire la conversation.
Et elle venait de s’apercevoir qu’il était beau.
-Ouais, ouais. Choisis ton personnage là.

Ryan se laissa tomber sur le lit. Il regarda du coin de l’œil son sac d’école et soupira. Il fit un semblant de geste pour l’agripper mais se ravisa. Et ensuite, il se trouva pitoyable: ce n’était que la première soirée et il n’avait vraiment mais vraiment pas envie de faire ses devoirs. Et il décida de ne pas les faire. Et s’il se faisait avertir, ce serait tant pis. Il ouvrit son ordinateur et regarda qui était en ligne. Puis, il entendit sa mère monter l’escalier et il ouvrit une page Word.
-Tu fais tes devoirs, Ryan? Demanda-t-elle en entrant dans sa chambre.
-Oui, c’est ce que j’allais faire!
Sa mère ferma la porte et redescendit. Mariah était connectée. Ryan ouvrit la conversation et la salua.

Sophie était maintenant bilingue et pensait en anglais les trois quarts du temps mais tout ça ne changeait rien au fait qu’elle détestait cette langue et qu’elle en avait marre de faire ses devoirs en anglais. Sa rentrée était le lendemain mais elle appréhendait le travail dont ses profs allaient la surmener. Surtout qu’elle partait dans deux semaines. Enfin. En fait, elle ne partait pas, elle revenait. Et elle avait franchement hâte de pouvoir serrer ses amis dans ses bras.

Cam n’aurait su expliquer comment ils s’étaient retrouvés à faire une énorme bataille d’oreillers dans le salon en riant comme ce n’était pas arrivé depuis longtemps.
-MILIE, VA CHERCHER D’AUTRES COUSSINS!
Émilie obéit à son frère en riant. Max se rua sur Cam et la fit basculer. Il brandit un oreiller au-dessus d’elle et elle eut tout juste le temps de crier qu’il lui mettait sans la figure.
-MAAAAAX! Crut-il entendre d’une voix étouffée.
Cam se débattait sous lui et il trouvait ça drôle. Et plus elle se débattait, plus il trouvait ça drôle et plus elle se débattait. Soudainement, elle lui donna un coup de poing dans le ventre qui lui fit tomber à côté d’elle.
-Ahhhhh ... fit-il semblant de se tortiller de douleur.
Sans se soucier de ses fausses plaintes, Cam s’assit sur lui et entreprit d’exécuter sa vengeance. Juste à ce moment, Émilie entra dans le salon et figea.
-Euh!?
Elle ne voyait que Cam de dos assise sur son frère qui faisait des sons étranges. La porte d’entrée s’ouvrit soudainement. La mère d’Émilie et le père de Cam entrèrent et figèrent eux aussi. Le père de Cam toussota volontairement. Sa fille se retourna brusquement et se leva aussitôt.
-Viens, on s’en va, lui dit son père d’un ton glacial.

Mariah regarda l’heure. Il était minuit. Ça faisait environ quatre heures qu’elle et Ryan clavardaient. Elle avait de l’école le lendemain. Elle se leva, se changea et se coucha. Elle prit conscience qu’elle n’avait pas fait ses devoirs mais cette pensée n’hanta pas sa tête très longtemps. Elle ressassait la conversation avec son ami encore et encore. Et ne s’endormit que vers deux heures.

Niky se réveilla, éteignit son réveille-matin et se leva. Pendant une minute, elle se demanda la cause de ce réveil brutal. Mais soudain, elle se rappela. Se rappela qu’elle n’était plus en congé, désormais. Que ce n’était plus l’été. Elle soupira en ouvrant sa garde-robe.

Myra ouvrit sa case et sentit quelqu’un entourer sa taille de ses bras. Sans même se retourner pour savoir qui c’était, parce qu’elle le savait déjà, elle dit brusquement:
-Dégage Pete.
-Pourquoi tu me détestes? Demanda-t-il en la lâchant.
Elle se tourna vers lui.
-Parce que je ne t’aime pas.
-Pourtant c’était cool, cet été.
-Justement. On est plus l’été et je n’ai plus envie de te voir.
-Ça va être difficile, on a les mêmes amis je te rappelle.
-Écoute, le moins je vais te parler et le mieux je vais être, ok?
-Est-ce que c’est parce qu’on a couché ensemble?
Oui, c’était pour ça. Parce qu’elle ne l’aimait pas mais que ce qu’on appelle les amours d’été lui étaient montés à la tête.
-Bye, Pete.
Elle barra sa case et s’éloigna.

-Ça fait longtemps que t’as vu le frère d’Émilie … ? demanda Cam.
-Euh, je ne sais pas, deux ou trois semaines … pourquoi?
-Pour rien … tu penses quoi de lui?
-Bébé, immature et stupide?
-Ouais, c’est vrai …
-Salut les filles, dit Myra d’un air sombre en arrivant à la case de Cam et Clo.
-Ça va? Demanda Clo.
-Ouais ouais. Vous parliez de quoi?
-De rien, répondit Cam.
-Oh … d’accord. Bon, ça va bientôt sonner et je suis en éduc.
Et sans un mot de plus, Myra s’éloigna. Mariah arriva à son tour quelques secondes plus tard.
-Vous avez vu Ryan?
-Non, pas jusqu’à maintenant.
Elle soupira.
-Ok. Vous faites quoi?
-Est-ce que t’es encore en train de tomber en amour avec lui? Demanda soudainement Clo.
Mariah baissa la tête et ne répondit pas.
-Ça veut dire oui! S’exclama Cam.
-Non, je … je ne sais pas encore.
-Je ne sais pas pourquoi tu ne lui avais pas dit, l’an passé. C’est évident que c’était réciproque.
-Parce que … je m’en allais tout l’été et … en tout cas. Tu l’as dis de toute façon : C'ÉTAIT réciproque. Maintenant il m’a oubliée.

Ryan constata que son école était particulièrement laide, et surtout la grande affiche au-dessus de la porte principale où était écrit : Sainte-Célestine. Il entra et comme il se dirigeait vers sa case, il vit Mariah à celle de Cam et Clo. Il lui fit un petit signe de la main mais elle détourna la tête. Il perdit son sourire et se rendit finalement à son casier où Pete faisait entrer furieusement ses cartables.
-Ça va? Demanda Ryan.
-Très bien, merci, répondit Pete d’un ton glacial.
Ryan haussa les épaules. Il n’était pas si proche de Pete, ou enfin, moins que l’an passé, ils ne s’étaient pas vus de l’été. Il décida de ne pas insister. De toute façon, les petits problèmes de son ami ne l’intéressaient pas.

Kim se rendit à sa case. Elle soupira. Sur la porte était écrit, probablement grâce à de la peinture en aérosol, une série d’insultes. Depuis la veille, sa compagne de casier s’était mise en tête de la détester. Kim ne s’en était pas souciée. Mais elle ne pensait jamais qu’Amélie la détestait au point d’écrire sur la porte de son propre casier une liste d’adjectifs peu flatteurs. Kim décida tout de même d’ouvrir le cadenas. Mais là, c’en était trop. Tous ses livres, cahiers et manuels avaient disparus. Kim referma son casier et se mit en tête de trouver Amélie. Il n’était pas question qu’elle endure ça toute l’année, et peut-être même toute l’année prochaine. En attendant, ce midi, elle irait manger avec son frère. Au moins, les secondaire cinq ne la connaissaient pas et donc, ne savaient pas qu’Amélie la ridiculisait depuis la rentrée.

Annema était assise par terre et Niky, sur Jon.
-C’est trop dommage que l’école soit recommencée, soupira cette dernière.
-Ouais, dit Annema.
-On était bien en congé, dit Jon. On se voyait plus souvent, dit-il à l’attention de Niky.
-N’importe quoi, dit Annema. Vous êtes toujours ensemble quand même.
-Pas pendant les cours! Dit Niky.
Annema roula les yeux. Elle se demanda pourquoi elle continuait de se tenir avec Niky. Depuis qu’elle était en amour, elle était devenue stupide et sans intérêt. L’an passé, elles étaient meilleures amies. Mais toutes les deux avaient changé. Mais elles gardaient leur vieilles habitudes ensemble. Même si la moitié du temps elles étaient hypocrites l’une envers l’autre.

Sophie parcourut le couloir lentement et essaya d’éviter les regards de ses camarades. Ils n’avaient vraiment aucune raison de ne pas l’aimer. En fait, ils ne la connaissaient pas. Parce qu’elle ne faisait aucun effort pour leur parler. Elle se rendit à sa case temporaire. Parce que dans deux semaines moins un jour, sa case allait être celle qu’elle allait partager avec Émilie. Elle ouvrit le cadenas. Enleva sa veste et se retrouva ainsi en chemise blanche. Une chemise qu’elle n’était plus capable de voir. Tout comme sa jupe longue et carottée qu’elle mettait tous les jours. Elle avait besoin d’exprimer sa personnalité dans ses vêtements et dans cette école, c’était impossible. Dire que son père avait parlé de l’envoyer à une école privée à son retour! Parce que c’était tellement « mieux » pour son éducation. C’était rare que Sophie confronte son père mais cette fois, il n’était pas question qu’elle aille à une autre école que Ste-Célestine. Même si ce n’était pas la meilleure de la province.

Heyy j'aime tellement ca! Jai trop hate de lire la suite! Cest trop bon!

Mercii =$

Ouais c'est super bon =)

Depuis qu’elle était en amour, elle était devenue stupide et sans intérêt.

STUPIDE ET SANS INTÉRÊT?
WHAT THE FUCK? :O

C'est super bon xD

Mercii =)

Et cest pas biographique à 100% ^^ J'taime Niky =)

La cloche sonna. Les couloirs furent bientôt vides. À contrecœur, tous les élèves s’étaient rendus à leur premier cours.

Cam entra dans son cours de français et regarda autour d’elle. Elle se laissa tomber sur une chaise en soupirant. Aucun de ses amis n’avait le même cours qu’elle. Les élèves furent bientôt tous arrivés et il ne restait que la place à côté d’elle de libre.
-Excuse-moi, dit une voix ni trop grave ni trop aigue.
Cam leva la tête et reconnut le garçon que Clo avait fait trébucher la veille. Elle sourit.
-Je peux m’assoir ici?
-Ben oui, sinon tu irais où? Répondit-elle, agacée.
Il s’assit donc à côté d’elle en ignorant le ton froid avec lequel elle lui avait répondu.
-Ah et désolée pour la jambette d’hier, dit-elle en contenant un rire.
-Ce … ce n’est pas grave.
Il semblait vraiment mal à l’aise et gêné. Cam soupira. Le cours allait être long. Et tous les autres de français de l’année aussi.
-Je m’appelle Michael mais tout le monde m’appelle Mikey.
-Cam, répondit-elle sans même le regarder.
Quand la prof commença à parler de la matière qu’ils allaient voir durant l’année et des règles de la classe, Cam déconnecta et se mit à penser à sa soirée de la veille, jusqu’à l’engueulade de son père dans l’auto.
« Il n’est pas question que tu aies des relations avec des garçons à ton âge! Surtout pas avec des plus vieux que toi! C’est très obscène ce que tu as fais avec Maxime ce soir! » et bla bla bla.

Le premier cours passa tellement, tellement lentement, que tous les élèves crurent pendant un instant que la cloche avait oublié de sonner et qu’en réalité, ça faisait six heures qu’ils étaient enfermés dans leur classe. Et ils se dirent aussi que quinze minutes de pause, ce n’était pas assez pour compenser cette longue et pénible souffrance. Pete garocha ses livres dans sa case, comme il avait l’habitude de le faire, et sortit dehors pour fumer. Même si c’était interdit, sur les terrains de l’école. Il s’appuya contre le mur de brique et s’alluma une cigarette. Il faisait encore chaud, pour le mois de septembre, mais la température ne tarderait pas à se décliner. La porte s’ouvrit et Myra en sortit avec Gérard. Pete s’étonna, ils ne trainaient pas souvent ensemble. Ils étaient amis, certes, mais pas assez pour passer leurs pauses juste tous les deux. Enfin, c’est ce qu’il croyait. Mais il du se rendre à l’évidence : ils n’étaient pas sortis ensemble, mais tous les deux en même temps pour venir le voir lui. Gérard voulait probablement lui voler une cigarette, et Myra … Il ne savait pas pourquoi, en fait. Elle lui avait clairement montré qu’elle ne voulait plus rien savoir de lui. Et que tout ce qu’ils avaient vécu durant l’été n’était maintenant que souvenir, que passé. Et pas du présent. Gérard s’éloigna d’eux une fois qu’il eut ce qu’il voulait et Myra se retrouva seule avec Pete, plantée devant lui.
-C’était une erreur? Demanda-t-il.
-De quoi?
-Cet été …
-Non, pas du tout. Ce qui était une erreur, c’était de te planter là, comme ça.
-Tu te sens coupable?
-Non, je regrette.
Et la cigarette de Pete tomba par terre lorsqu’ils s’embrassèrent.

Une semaine passa. Myra et Pete sortaient ensemble et personne ne s’en étonnait. Niky et Jon étaient toujours aussi heureux ensemble. Et les autres, eh bien ils étaient toujours célibataires. Et Sophie revenait dans une semaine. Et elle avait tellement, mais tellement hâte. Elle descendit à sa cuisine et prit une pomme dans le panier de fruits. Ce lundi matin là, elle s’était réveillée de bon humeur. Le dimanche soir suivant, et maintenant c’était officiel, elle et sa famille retournaient dans leur ville adorée. Elle se demandait pourquoi ils ne partaient pas le samedi, alors qu’elle et son frère jumeau n’avaient pas d’école, mais elle ne protesta pas, trop heureuse de pouvoir compter le temps avant de retrouver ses amis en jours, et non en semaines. Elle sortit de la maison joyeusement et marcha d’un bon pas vers son école. Enfin, l’école substitue dans laquelle elle se trainait tous les jours. Ste-Célestine était à elle dans six jours. Six petits jours.

Kim était assise dans son bus, à côté de son frère. La musique à tue-tête dans les oreilles, elle n’entendait d’ailleurs pas ce qu’il lui racontait. Elle pensait encore à Amélie. Cette poufiasse qui s’était vraiment mise en tête de la détester et de convaincre tout le monde de faire de même. Kim était découragée. Elle essaya de trouver où ça avait cloché, où son attitude avait été assez mauvaise pour entrainer tout ça. Peut-être que c’était juste naturel, chez elle. Qu’il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas. Pourtant, elle venait de déménager et personne ne la connaissait vraiment. Dans son ancienne ville, pourtant, ce n’était pas comme ça. Ses amies l’adoraient (ou étaient de très bonnes hypocrites). C’est vrai, elles avaient passé ensemble trois supers belles années de rêve, avec des souvenirs à chérir pour le reste de leurs jours. Et il y avait Yoan. Son petit ami depuis le secondaire deux, le dix-huit décembre, autour de seize heures. Elle s’en rappellerait toujours. Ils avaient bu du chocolat chaud, il avait séché ses larmes, et ils s’étaient embrassés. Tout ça devant le feu de foyer chaleureux qu’ils avaient allumé dans la cheminée de son ancienne maison. Cette maison, ce quartier, ses amies, Yoan, lui manquaient. Elle avait cru être capable de passer au travers, mais c’était sans compter que les gens la détesteraient. Avait-elle changé, ou bien c’était le monde autour d’elle qui l’avait fait?

-Mariah, faut qu’on parle.
Mariah essaya de se sauver mais Ryan la plaqua contre sa case.
-Quoi? Demanda-t-elle d’un ton qu’elle essayait de rendre moins froid.
-Depuis notre conversation, sur MSN, tu m’ignores. Tu me fuis.
-Quoi? Mais pas du tout! Se défendit-elle d’un faux ton innocent.
-Hey Mary! Je te connais depuis que t’as quatre ans, et je t’ai vue mentir à maintes reprises. Qu’est-ce qui se passe?
-Écoute ... je ne peux pas t’en parler, ok? Ce sont seulement de vieilles histoires de l’an passé qui resurgissent ...
-Bon ... en tout cas. Tu arrêtes de me snober?
Elle lui fit un sourire franc.
-D’accord.
Il lui tapa dans la main et s’éloigna.
-Ryan?
Il se retourna.
-Oui?
-Tu es très callipyge, en passant.
-Ah ... euh ... ok ... et ça veut dire quoi?

Myra sortit de la salle de bains, le visage blême comme un drap.
-Qu’est-ce qui se passe, ma chouette? Demanda sa mère.
Myra glissa discrètement quelque chose dans sa poche arrière de jeans.
-Rien ... bafouilla-t-elle. Seulement une migraine.
Et elle s’enfuit dans sa chambre. Elle se laissa tomber sur son lit et regarda longuement l’objet qu’elle avait dissimulé à sa mère. Un +. Il indiquait un +. Ça ne se pouvait pas. Elle ne pouvait pas être ... Qu’est-ce qu’elle allait faire? Elle se leva, ouvrit la fenêtre de sa chambre qui menait à la rue, et lança le plus fort possible cet objet machiavélique.

“Callipyge adj. Qui a de belles fesses.”
Ryan sourit en refermant son dictionnaire.

Cam s’étira longuement et regarda autour d’elle. Elle n’était certainement pas dans sa chambre. Non. Elle était couchée beaucoup trop près du sol, et ses murs n’étaient pas turquoises fluo. Il lui fallut une trentaine de secondes avant de se souvenir qu’elle était allée dormir chez Émilie la veille, et étant donné que la chambre de celle-ci était trop petite et que Max était absent, elle avait dormi dans la sienne. Elle s’assit en indien sur le matelas sur lequel on l’avait apparemment poussée durant la nuit. Max était étendu comme un empereur sur son lit, jouant sur sa console de jeux vidéo portable qui émettait de petits sons vraiment très désagréables.
-Bon matin, bailla-t-elle.
Il daigna enfin lever les yeux vers elle et lui dit:
-Wow ... t’es mignonne, toi, le matin.
Cam se retourna brusquement vers le carré de miroir à moitié brisé suspendu au mur et constata l’étendue des dégâts: ses cheveux étaient abusivement en bataille, mêlés et gras, dû au fait qu’elle n’avait pas pris sa douche la veille. Son maquillage qu’elle n’avait pas retiré avait coulé. Ses dents non brossées étaient jaunes et elle portait un pyjama rose trop court et décoré de mignons petits chatons, elle l’affectionnait particulièrement depuis qu’elle était jeune.

Amélie embrassait sauvagement son petit ami contre le mur et ne se doutait pas, malheureusement pour elle, que son amie Laura farfouillait dans sa case et que de ce fait, elle pouvait entendre tout ce que les tourtereaux se disaient sans qu’ils ne la voient.
-Amé? Il faut que je te dise de quoi.
-Qu’est-ce qui se passe? Demanda-t-elle, inquiète.
-Je déteste vraiment tes meilleures amies. Des vraies poules pas de tête. Elles n’ont pas d’avenir. Et elles m’énervent tellement!
-Mhmm … toi aussi tu trouves ça? Je me disais justement que je devrais commencer à me chercher de nouvelles fréquentations. En plus, je suis sûre qu’elles ont toutes les deux un kick sur toi.
Laura ouvrit la bouche de stupeur et reste figée. Son « amie » lui jouait carrément dans le dos, sans scrupule. À elle et à Andrée. Elles qui pensaient former le trio parfait et inséparable, et qu’elles s’aimaient toutes d’un amour vrai et profond. Ce n’étaient que conneries depuis le début.
-Tu me rassures, babe.
Et bien vite, il retrouva ses lèvres. Et en effet, Amélie n’avait aucun remords, aucun scrupule. Ce n’est pas qu’elle n’aimait pas ses amies, mais elle ne pensait pas un jour les perdre, et puis elle aurait tout fait, tout dit pour l’homme de sa vie.

CTROP HOT =)
Callipyge ..
LOL.

Mercii <3

Gérard la mystifiait. C’était le genre de garçon qui, assit au fond de la classe, se contentait de passer son temps à lancer des boules de papier sur ses compagnons de classe, mais qui récoltait tout de même des excellentes notes. C’est ce que pensait Émilie, tout en le regardant. Ils étaient sortis ensemble, en secondaire un. Ils s’étaient contentés de se tenir la main et de se faire des sourires timides, mais ils étaient sortis ensemble. Et de ses douze ans à cette année, il avait bien changé. De petit, brun et boutonneux il était passé de grand, les cheveux adorablement en bataille teints en noir. Et il n’y avait plus une trace de ses boutons. Émilie devait l’avouer, son ami était rendu vraiment, vraiment beau. Elle était surprise d’en prendre conscience soudainement, durant un cours d’histoire, mais elle ne détourna pas les yeux.

Kim s’empara de son lunch en soupirant. Elle pourrait encore aller diner avec son frère, mais ça faisait vraiment perdant. Et si elle le collait toujours, il ne sortirait jamais de sa coquille et ne se ferait pas d’amis. Il avait toujours été de nature solitaire et renfermé, au contraire d’elle. Dans leur ancienne ville, il avait un meilleur ami. Oh oui, il était très heureux, mais Kim n’aimait pas le voir seul le samedi soir, occupé à tuer des zombies virtuels. Alors, elle avait décidé que maintenant, il devait se faire des amis. Mais ce midi-là, elle s’en foutait un peu. Elle aurait tout donné pour se réfugier dans les bras de Yoan. Au lieu de ça, elle sortit lentement de l’école et décida de manger sous un arbre déchu. Elle s’assit sur la pelouse verte et sortit son Thermos. Le soleil l’aveuglait mais elle aimait ça. Elle ferma les yeux pour mieux sentir ses rayons sur son corps.
-Allo, dit doucement une voix féminine. On peut squatter?
Kim ouvrit les yeux et fut surprise de découvrir que la voix si gentille appartenait à Laura, une bonne amie d’Amélie, et que derrière elle se trouvait Andrée qui lui adressait un sourire franc.
-Euh … bien sûr, dit Kim, déboussolée par cette gentillesse soudaine.
Surtout venant de ces poules sans tête qui, deux heures plus tôt, disaient la détester…

Mikey faillit s’enfarger dans ses lacets même pas défaits mais réussis à regagner son équilibre, en s’agrippant à quelqu’un.
-AOUCH! Hurla cette personne en se retournant vivement vers lui.
-Désolé, dit-il en essayant de reprendre ses esprits et en rougissant violemment.
Il ne s’était pas seulement agrippé à quelqu’un, il s’était agrippé à une fille. Elle releva la manche de son chandail du bras auquel il s’était accroché et tous deux découvrirent en même temps de longues grafignes virant au rouge.
-Je … je suis vraiment désolé, dit-il en s’agitant autour d’elle.
Il osa enfin lever les yeux vers elle et découvrit la fille qui lui avait fait une jambette.
-PUTAIN, ÇA FAIT MAL, MAUDIT CON!!! Hurla-t-elle.
Elle devait être dans le moment avant ses … trucs de filles, pensa Mikey.
-Hey Clo, calme-toi, dit une fille blonde miraculeusement apparue derrière elle.
Cam. La fille du cours de français.
-Qu’est-ce qui se passe? Demanda-t-elle en regardant tour à tour son amie et le garçon un peu stupide et tellement grand qu’il possédait une posture étrange. Mais avant qu’elle n’obtienne de réponse, il se sauva en courant. Et Clo ne put s’empêcher d’éclater de rire. Ce garçon était trop étrange. Cam haussa les épaules et elles changèrent de sujet.

-QUOI??? Hurla-t-elle.
-Mais shut, chuchota Myra en lui plaquant une main sur la bouche. Tu vas réveiller mes frères.
Elle avait invité Clo à venir garder Théo et Léo avec elle. Mais c’était un prétexte pour lui apprendre la « nouvelle ». Et enfin pouvoir en parler à quelqu’un.
-Mais … il est de Pete?
-Mais oui maudite conne … tu veux qu’il soit de qui? Répondit-elle en rougissant légèrement.
-Et il est au courant? S’inquiéta Clo.
-Pas encore … laissa tomber Myra.
-Shit … j’en reviens comme pas. Tu vas faire quoi avec? Demanda Clo.
Et soudain, Myra éclata en larmes. Clo la prit dans ses bras et lui caressa longuement le dos.
-Shhh … c’est correct, tenta-t-elle de rassurer, en sachant pertinemment que ses pauvres paroles n’allaient pas du tout aider son amie.

Niky se blottit contre Jon qui lui passa une main dans les cheveux. Il respira leur odeur et ferma les yeux. Il se demandait simplement comment il avait fait tout ce temps pour simplement être son ami. Maintenant, il savait qu’il ne pourrait plus se passer d’elle. Et même s’il devinait que ses amis le trouveraient quétaine s’ils entendaient ses pensées, eh bien lui savait qu’il l’aimait et c’était tout.

Annema avait téléphoné à toutes ses amies. Elles avaient toutes quelque chose de prévu. Clo et Myra gardaient. Cam était encore chez Émilie. Mariah, Ryan et Gérard faisaient quelque chose. Niky était bien entendu avec Jon et Sophie était toujours à beaucoup trop de kilomètres d’elle. Elle l’avait appelé, au moins pour discuter, mais son amie était au bord des larmes, elle avait perdu un objet quelconque et devait absolument le trouver avant le lendemain soir pour le mettre dans une boîte. Bref, Annema était seule, un samedi, et elle déprimait. Cette année, elle se sentait tellement à part. Elle s’était éloignée de plusieurs de ses amies et aucune ne semblait s’en soucier. Et soudain, comme dans les films, le téléphone sonna et c’était Mariah qui voulait qu’elle vienne les rejoindre, elle et les garçons. Annema sourit, sauta dans une paire de pantalons et courut quasiment vers chez Mariah, à deux rues de là.

Clo lui avait assurée qu’elle était entièrement capable de s’occuper des jumeaux une petite heure et qu’il fallait absolument qu’elle aille parler à Pete. Myra, ayant séché ses larmes et ayant retouché son maquillage, était sortie de la maison pleine de courage mais plus elle s’approchait de la maison de Pete, plus elle flanchait. C’est ainsi qu’elle se retrouva à faire les cent pas sur le perron de son amant. Elle avait chaud, elle avait froid. Des sueurs froides lui parcouraient le dos et elle claquait des dents, mais elle suait et n’avait qu’envie de se débarrasser de sa veste. Comment on devait annoncer à un homme de dix-sept ans qu’il allait être papa? Dans un état de transe, elle appuya enfin sur la sonnette et entendit le carillon résonner dans la maison. Et en moins de deux, elle était assise sur le lit de Pete, à côté de ce dernier. Il régnait un silence lourd sur la pièce. Pete attendait que Myra dise quelque chose et elle cherchait ses mots tout en fixant le bout de ses souliers.
-Je crois qu’il y a eu un bug, dit-elle finalement d’une voix éteinte.
-Un bug dans quoi?
-Dans … notre protection?
-Quelle protection? Dit-il, un vague sourire aux lèvres.
-Arrête de déconner, ce n’est pas drôle!
Pete ne dit rien durant quelques secondes et se leva finalement du lit d’un bond. Il venait de comprendre ce que sa copine essayait de lui dire.
-Quoi? Tu veux dire que tu es vraiment …
-Ouais … dit-elle tandis qu’une larme roula sur sa joue.
-Bon. Demain, on te prendra un rendez-vous, dit-il beaucoup trop doucement en se rassoyant à côté d’elle.
-Un rendez-vous où? Demanda Myra en levant de grands yeux humides vers lui.
-Bah, à une clinique d’avortement, qu’est-ce tu penses! Dit-il, comme si c’était évident. Il n’y avait simplement aucune émotion dans sa voix. Et Myra n’aimait pas ça.
-Mais voyons! Laisse-moi y réfléchir! Je pensais qu’on pourrait en parler …
-Quoi? Tu voudrais peut-être le garder? Dit-il en se relevant.
- Je ne sais pas, Pete … C’est tellement soudain. J’aimerais y penser avant de prendre une décision …
-On est jeunes chérie. Tu nous vois à dix-huit ans en train de faire chauffer des biberons pendant que nos amis se saoulent dans les boîtes et à 20 ans, avec un gosse dans les bras, travailler au McDonald’s au salaire minimum et se plaindre de ne pas aller à l’université?
-Tu te fous de mes émotions hein? Tu te fous que je sois enceinte! Tout ce qui compte, pour toi, c’est que ta petite vie ne soit pas chamboulée. Alors au revoir, on se reparlera quand tu seras plus parlable.
Myra avait haussé la voix d’un ton. Et elle s’en alla précipitamment de la chambre. Et à son grand désespoir, Pete n’essaya pas de la rattraper. Ce n’est que dehors qu’elle laissa toutes ses larmes couler, assise dos contre la porte d’entrée.

C'est super bon =)

HA CEST BON!
Pete est con --'

C'est booon
Pete est vrmt stupide

Mercii les filles =)